POUR UNE LECTURE DU VOYAGE INITIATIQUE DANS LE PERIPLE DE BALDASSARE D’AMIN Maalouf

OUAMANE, NADJETTE (2010) POUR UNE LECTURE DU VOYAGE INITIATIQUE DANS LE PERIPLE DE BALDASSARE D’AMIN Maalouf. Masters thesis, Université Mohamed khider Biskra.

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Abstract

Ayant pris l’objectif d’établir une lecture du voyage initiatique dans l’œuvre d’A. Maalouf, intitulée Le périple de Baldassare, cependant, la présente étude s’inscrit d’emblée dans une expansion interprétative d’un parcours meublé par une série de déambulations. La somme des conséquences, urgentes ou latentes de cette situation, se veut l’accomplissement d’un apprentissage multidimensionnel. Appliquant la devise de M. Serres, disant qu’« voyager, c’est apprendre » , A. Maalouf aménage les termes de cette équation aphoristique en tant que formule structurant le noyau moteur de la batterie évènementielle de la trame narrative. Dans une disposition étalée sur les deux rives de la Méditerranée, le héros voyageur entreprend un réseau d’aventures assemblant la quête du savoir, de l’amour et de soi. Cependant, l’initiation au mode du dit périple prend, selon l’auteur, une composition hybride, synthétisant les multiples expériences dans une seule entité unifiée. Cette dernière, loin de se dissocier de l’être, s’affiche plutôt en tant qu’un nouvel état d’être chez le héros, pour qui l’instruction est développée et l’affection devient plus avisée. Ainsi, l’écart du changement se repère au niveau de la conscience de soi qui devient une reconnaissance savante de soi. Il faut reconnaître que les traits de la pensée de Baldassare, marchand génois vivant à Gibelet, ne sont plus identiques à ceux du même personnage, une fois qu’il jette l’ancre d’arrivée et décide de s’installer définitivement à Gènes. A cet égard, Le périple de Baldassare, examiné à travers le prisme de la thématique du voyage initiatique, révèle un programme d’apprentissage qui met en connexion associative d’une part, l’expérience de l’altérité et d’autre part, la sagesse acquise à travers la représentation de quelques fragments du registre de l’Histoire humaine. A cet égard, le choix porté sur la thématique du voyage semble dénoter une stratégie au niveau de la disposition constitutive car, tout en offrant la rencontre avec l’Autre sur les landes de l’Ailleurs, le voyage permet aussi l’enseignement afin d’appréhender la différence des lieux inconnus. Disons alors que, la réflexion d’A. Maalouf s’inscrit au premier abord dans la tautologie initiatique que détient l’aventure viatique. Cette aventure, caractérisée par la modalité de la mouvance, s’inaugure dès le début par un décampement du familier vers le vague et l’inconnu de l’au-delà. Cette ambiance instaure instantanément le voyageur dans une concomitante spirale d’exploitations et de découvertes, tout à fait semblable au meneur du périple qui se retrouve embarqué entre les marrés du flux et du reflux des épreuves du décèlement. Livré ainsi aux aléas du hasard, Baldassare endure l’expérience de l’immersion dans le tumultueux Ailleurs par l’entremise de « l’aventure ! [ou] ce qui doit advenir » , selon la conception d’A. Gide. Un fait qu’avoue explicitement le diariste en se disant dans son fort intérieur : « moi, je vogue vers l’inconnu » . Seulement, l’aventure baldassarienne ne se limite pas à un niveau restreint de l’endurance mais convertit l’embarras en une mise en œuvre expérimentale des facultés de lucidité et d’appréhension. Reconnaissant que la part de la vérité ne peut être d’ampleur importante, vu la haute tension des superstitions, Baldassare affirme en effet que : « La route quelquefois s’agrémente de fables (…), il faut ouvrir les yeux à l’arrivée. » . A cet effet, la particularité du processus initiatique, exposé dans l’œuvre, s’avère un apprentissage d’ordre intellectuel, s’effectuant en parallèle du rythme de la mouvance. Le passage par la diversité de l’Ailleurs et de l’Autre ne peut être neutre ni stérile car, ce fait est engendré par une perception visuelle suivie par un saisissement intellectuel. Cette perception réverbère instantanément un état de lecture exploratrice, pour ainsi dire un déchiffrement de l’entourage afin d’identifier ses composantes et comprendre leur assemblage. De leur part, les leaders thématiciens, tenant compte du fait que voir insinue forcément une certaine acquisition du savoir, placent manifestement « l’acte critique à l’enseigne de "l’œil vivant" » . Autrement dit, l’œil, dépassant le fait de voir superficiellement, signale la similitude et les dissemblances en stimulant la perception d’établir conséquemment des rapports associatifs ou consécutifs suivant le contraste des éléments exposés à la vue. Ainsi, incitant une dense activité cérébrale chez le sujet voyageur, l’acte de perception permet au génois d’instituer, par le biais de son carnet de voyage, un référent pour son initiation personnelle. De ce fait, le fait de traverser un éventail de paysages variés et d’endurer une multitude d’évènements inopinés configure une mise en scène démonstrative de l’équation déambulatoire du héros Baldassare. La dite équation est accomplie par un processus purement intellectuel qui conjugue l’élan aventurier selon la dichotomie lecture/écriture. Cette formule relie à la fois, le relief géographique, l’apport social et la somme des effets de l’Ailleurs, de l’Autre et du "moi-voyageur" subis par le protagoniste. L’étude détaillée de chaque élément démontre l’inhérente imbrication de la portée initiatique tout au long du déroulement du périple. A titre de résumé, l’odyssée baldassarienne, mise en œuvre dès le début du récit, bifurque sur une tradition dyadique, déclenchée par une lecture exploratrice d’une part et de l’autre, achevée par une écriture réfléchie et raisonnée. En d’autres termes, l’œuvre exhibe au premier niveau, une représentation syntagmatique du paradigme du voyage. Bien entendu, cette représentation se conforme aux lisières des traits dominants du périple en question. Ce dernier s’avère en fin de compte une formule équationnelle régissant l’aventure des pérégrinations dans un plexus initiatique, innervé par une lecture perçue et une représentation transcrite. Par ailleurs, l’initiation s’expose dans un second niveau, à travers un rapport de fonctionnement hybride vacillant entre le réel et l’irréel. L’implantation du gisement romanesque sur une piste étendue de l’Est à l’Ouest, lors d’un pli des temps passés, attire l’attention sur une invitation de la vraisemblance du mariage sous l’effet du vecteur authentique du réel. Ce dernier, offrant l’assise contextuelle en coordonnées d’espace et de temps, dresse ostensiblement un pont de médiatisation conciliatrice entre les deux rives des deux esprits concurrents, l’oriental et l’occidental. De ce fait, l’expérience de l’altérité traduit un élan opérationnel qui se manifeste par l’agissement de l’aventurier génois. Ainsi, en plus de l’opportunité d’une appréhension savante d’une partie du monde, le mouvement viatique confectionne, en marges de l’itinérance, un paquet de liens. Par une éventuelle adaptation avec les lieux ou par une passagère affinité socio-culturelle avec les gens rencontrés, le voyageur entreprend conjointement un étirement de sa propre aptitude. Lequel étirement contribue à la compréhension intellectuelle de l’étrangeté dans le profil d’une aventure de la reconnaissance de la différence. Autrement dit, l’appréhension du principe de la continuité, comme phénomène reliant le relief géographique malgré sa diversité, entraîne du même coup chez Baldassare, la validité de ce principe au sujet des individus. Conséquemment, l’immersion dans l’Ailleurs déploie un état d’ouverture envers la différence d’autrui dont l’emblème s’avère la reconnaissance de l’Autre, non pas comme un antagonique ennemi mais comme un "Être" semblable et un alter ego, pour ainsi dire, « les autres, (…), c’est nous » Cette visible tendance de rencontre croisée édifiée par la trame narrative évoque au demeurant, la dimension virtuelle de l’aventure mythique. Effectivement, l’œuvre arbore une densité mythique sous-jacente au relief évènementiel. Mis à part la pluralité des figures mythiques manifestées dans le récit, cette présence variée dresse en outre une opérante flexibilité qui assiège une recomposition actualisée des structures mythiques dans l’œuvre. Conséquemment, on peut dire que la vivacité viatique se voit reprise par une mouvance constructive d’ordre mythique. Cette dernière s’explique principalement par le déroulement de la décomposition/recomposition des fragments mythiques afin de corréler le tissage structurel de l’œuvre. En raison de cette activité, l’œuvre donne figure d’un état d’entrecroisement et de clivage des structures mythiques. La résultante de cette juxtaposition multicolore entraîne cependant une situation éclatée de dialogue interactionnel, d’une part et d’autre part, d’enracinement avec l’expérience antique de l’humanité. Autrement dit, le potentiel initiatique, jalonné tout au long des sinueux déplacements du génois, se dédouble par une portée mythique afin d’aligner le périple baldassarien au versant de l’aventure existentielle humaine. Sur ce modèle, Sartre acquiesce ouvertement que chaque aventure « quelque singulière qu'elle paraisse, engage l'humanité entière. » . Dans cette mesure, on suppose que le répertoire mythique, réactivé dans l’œuvre, sert à injecter une tonification sémantique au niveau de l’épaisseur significative propulsée. Par ailleurs et sous l’égide de l’ambivalence entre le rayon du réel et celui de l’irréel, la dite oeuvre étale d’une part, une image du contexte socio-culturel de l’époque représentée, et d’autre part, identifie les carences spécifiques dans une structure thérapeutique. Le fait auquel une concordante proportionnalité entre les foyers régissant le vecteur fonctionnel (savoir, atmosphère de l’époque et identité) et le versant des phases aventurières. Par superposition, ces phases coïncident avec les titres des carnets du voyage du protagoniste voyageur, attribués par l’auteur. De ce fait, une dialectique constitutive relie l’axe du diagnostic pathologique à celui de l’activité thérapeutique prescrite selon la subjectivité de l’auteur. Cette contexture générant le débit narratif, propulse tout de même, une modalité d’un apprentissage quasiment expérimental. Etant accentué sur le personnage du héros, cet apprentissage semble aussi orienté à l’intention du lecteur sous forme d’une suggestion, car les composantes initiatiques (rencontre, échanges, savoir et tolérance) sont d’ordre universel, plus particulièrement, elles sont déduites à travers le traitement thérapeutique maaloufien accordé à l’intrigue de base de la dite oeuvre. Il s’avère cependant que le projet viatique, dans sa portée fonctionnelle, mire vers le double ancrage historique, soit selon la dimension mythique ou selon celle du réel, ce qui injecte à cette narration, reproduisant un segment de l’Histoire, une consolidation sémantique. En effet cette dernière est due principalement au tonnage qu’offre la symbiose d’un calibre culturel polychrome, d’un côté et de l’autre, d’un chaotique entassement historique. A cet égard, la modalité de l’aventure baldassarienne, régie par la rencontre des différences, se démarque le plus par le gouvernail d’un mouvement orienté vers les profondeurs des strates historiques. Dans cette mesure, l’objectif serait d’établir une initiation à la suite de la rencontre conciliatrice dont la toile de fond est le décor de l’Histoire," garde-mémoire" de l’aventureuse existence de la communauté humaine. Du reste, le troisième échelon du programme initiatique, étalé dans l’œuvre, appuie le regard explicitement sur l’interprétation opérationnelle de la rencontre productive. Ce fait l’explique évidemment l’agencement de l’outillage dénotatif et connotatif de la contexture narrative. Selon l’angle d’une vision lucide, l’aventure du génois fait figure d’une quête des insuffisances du "moi" délivré à la solitude de son être et de son esprit. Le résultat déployé, en marge du savoir acquis, de l’amour rencontré et de l’identité réappropriée, consiste à la reconnaissance de l’indigence pathologique de ce "moi" dans l’absence de l’Autre. Cette indigence marquée par un "je", reconnu à lui seul « néant, vide et rien » , trouve dans l’expression de Saint-Exupéry, s’adressant à l’Autre en disant : « Si tu diffères de moi mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis » , un remède infaillible. La raison de cette infaillibilité réside non seulement dans l’adresse énumérative, mais aussi dans la coprésence pacifique et le partage fraternel. Ainsi à l’opposé de la servitude de l’assujettissement, la rencontre plurielle, prise en conscience, invite au déploiement d’une insistance à la complémentarité équilibrée de part et d’autre. De ce fait, on décèle que le corps du récit, rapportant l’aventure viatique du génois d’Orient, est confectionné à base de l’imbrication serrée des maillons faisant un état factuel ou conséquent d’interactions sociales ou intellectuelles. Indubitablement, l’ensemble de la combinaison, innervée par divers avirons de mouvance (les détours, la charge symbolique et la répartition dialogique) et couronnée par une résonance irradiant l’amplitude de la différence, dépeint une restructuration du monde suivant une attitude de contacts et d’échanges mutuels. Ce fait renvoie systématiquement, d’après les critiques thématiciens, à une appréhension du monde suivant l’esprit de l’artisan littérateur du texte, car « l’œuvre apparaît (…) comme une structure révélatrice de la personnalité de son créateur » . Dans ce cas, la réflexion développée selon le temps et l’espace, la manière de procéder l’ancrage fictionnel dans la chair du réel et l’agencement entrepris pour raccorder les fibres et assurer la cohérence organique, ces trois dispositifs exposent simultanément la substance caractéristique d’une conscience créatrice. Dans ce sillage, si la structure combinatoire de l’aventure du périple gravite autour du dogmatisme, particulièrement religieux, l’exposant comme paramètre pulsateur de l’intrigue, c’est parce qu’elle plaide en revanche la reconnaissance savante du statut de la différence. D’ailleurs, l’emblème initiatique du héros voyageur semble l’acquisition d’un savoir polychrome et, par-dessus tout, d’une assistance confraternelle plurielle. De ce fait, l’assimilation positive de la différence, dans le sens d’un élargissement des horizons perceptifs de l’individualité s’avère une compétence centrale d’après la représentation de l’auteur. Manifestement, les méandres de la trame narrative traduisent la construction de cette compétence par l’implantation de la mobilité curieuse vers l’Autre et l’aptitude d’engager des liens et des contacts selon la dimension sociale de la nature humaine. C’est ainsi que l’empreinte de l’esprit de l’ouverture intellectuelle se greffe ouvertement à l’œuvre, car elle aménage pour cette fin, deux modalités : soit le déplacement physique à travers les lieux ou le voyage intellectuel par la lecture. Suite à ce détail, il est pertinent de noter que le protagoniste, en plus de son commerce des livres, est aussi un liseur passionné, telle qu’il déclare : « … je lis des poètes de tous pays » . Ainsi, il est habitué à s’entretenir avec les pensées et les opinions des auteurs de diverses provenances et tendances, car la lecture ressemble à une conversation avec « les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée, en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées. » . Cependant, l’auteur établit formellement un fil conducteur entre le processus initiatique et son élémentaire support, le livre, afin de ciseler une ambiance de partage et de complémentarité. La preuve est simultanément offerte par l’écriture journalière du héros diariste, façon de donner un corps référentiel à l’aventure, à l’apprentissage et au mouvement déambulatoire. Autrement dit, l’écriture s’avère être l’acte qui réquisitionne le programme aventurier et le conjugue dans un profil d’une érudition initiatique, car « L'écriture est la seule forme parfaite du temps. » ; c’est-à-dire, la mise en mots de l’endurance de l’instant, repérée par le cadre du temps et de l’espace, s’inscrit conséquemment dans une reproduction singulière, pour ainsi dire réécriture de l’expérience originelle de l’activité humaine. En conséquence à cette récapitulation, résumé des résultats obtenus par le biais de cette lecture, le profil initiatique de l’aventure viatique semble graviter autour d’une philosophie de rencontre et de partage pacifique. Le scénario élémentaire du programme narratif configure en réalité un anneau qui se renferme sur lui-même : chrétiens et juifs recherchent un manuscrit dont l’auteur est un musulman. En outre, ledit manuscrit présumé élaboré sur l’hémisphère du Levant, n’est retrouvé que sur les landes du Couchant. Ce qui met en exergue que tout type de savoir doit être pris comme une propriété répartie sans discriminations, sur toute la société humaine. De ce fait, les fausses distances d’origine raciales, spirituelles, idéologiques ou régionales sont vouées à l’échec. Autrement dit, la promotion de l’esprit éclairé est susceptible de corriger l’excès pathologique des sensibilités aiguës par l’essieu de la juste connaissance, raisonnable et logique. Cette dernière, encourageant l’ouverture et la tolérance, s’avère l’unique moyen pour établir des canaux de compréhension et d’entente mutuelles. De sa part, même la forme sphérique du globe sur lequel nous vivons nous incite à vivre ensemble parce qu’en d’autres termes, « … la possession commune de la surface de la terre, dont la forme sphérique (…) oblige à se supporter les uns à côté des autres » . Conséquemment, il est impératif de s’accepter mutuellement afin de pouvoir « apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » , selon le « rêve » de M. Luther king (1929-1968) . Décidément, la présente œuvre active un projet initiatique selon un gisement de mouvance ciblée, étendu sur l’envergure des différentes strates du corps romanesque. Déployé à l’échelle du personnage protagoniste, l’auteur structure, en effet, un enseignement de rencontre plurielle et communicative par la mise en interaction simultanée d’une triade de mouvements. Cette triade se manifeste en premier abord par un mouvement de déplacement physique au milieu d’une diversité du relief géographique, le fait qui, par l’interaction du nouveau paysage perçu, déclanche l’activité cérébrale de la perception et d’aperception. Pour le second mouvement, il s’agit d’une immersion dans les flots historiques du temps, de dimension réelle ou mythique. Une manœuvre qui vise de rabouter les fragments aventuriers dans une unifiante matrice marquant par-delà l’hardiesse de l’esprit humain. En raison des visibles correspondances, ce mouvement laisse entrevoir en plus, une disposition dialogique entre deux situations temporelles : le passé et l’actualité. De ce fait, la leçon maaloufienne semble une projection du passage modéré du génois malgré les diverses altitudes des différences et des oppositions régissant l’époque médiane du XVIIe siècle. La productivité de ce passage réside dans la capacité du voyageur qui, par sa culture éclairée et son raisonnement logique, a su pondérer les pointes des dissimilitudes et les convertir en sources d’enrichissements pour la restructuration de son affect et de son intellect. Le dernier mouvement opéré par l’auteur, s’avère une singulière invention créative de son génie artistique. Ce paquet de mouvements, traduit par l’habillage fictionnel qui innerve la trame narrative, accrédite l’affiliation de la reproduction du réel avec une représentation inventée seulement par au moyen d’une faculté imaginative. Autrement dit, l’initiation à la maaloufienne s’opère par l’entremise d’une dynamique créatrice intégrant l’irréel au réel dans un arrangement architectural, pour ainsi dire, réédifier la réalité par le biais d’une veine fictionnelle. Cette contexture finit par rendre l’ambiance viatique en un lieu propice d’une rencontre multicolore, d’un échange interculturel et d’un dialogue universel. Ce qui mène à dire que l’œuvre reprend la philosophie du siècle des Lumières qui se basent sur l’idée ambitieuse d’un monde régie par le rationnel, l’ordre et la compréhension mutuelle. Le fait qui exige de l’individu l’établissement d’une connaissance également rationnelle et organisée afin de pouvoir reconstruire un environnement culturel épuré de tout type de dogmatisme ou d’un quelconque fanatisme . Par ailleurs, Evidemment, cet individu, plus nettement le lecteur du périple baldassarien, doit être un intellectuel afin qu’il puisse militer pour les causes de son actualité en tant qu’ « un honnête homme qui agit en tout par raison [… et] dont la profession est de cultiver sa raison pour l’ajouter à celle des autres » . Conséquemment, il est plausible de reconnaître par le biais de cette étude que l’auteur de la présente oeuvre s’inscrit dans le courant de la pensée aiguisée par l’esprit de l’école voltairienne, qui considère la tolérance comme « la première loi de la nature » . Ayant assisté, pareil à Baldassare, à l’oppression d’un rigide fanatisme religieux, Voltaire brise le tabou de l’asservissement aux dogmes de l’obscurantisme ecclésiastique et donne un incandescent plaidoyer pour la liberté de l’esprit et l’indéterminisme de la pensée. Dans ce sens, l’emblème des écrits de Voltaire fut le Traité sur la tolérance, où il atteste que « la superstition est à la religion ce que l’astrologie est à l’astronomie, la fille folle d’une mère sage. Ces deux filles ont longtemps subjugué toute l’humanité » . Néanmoins, il proclame, dans une célèbre « Prière à Dieu », son respect pour la Divinité ainsi qu’à toutes les sensibilités spirituelles de toutes les croyances. Ce cas est tout à fait semblable à la posture du marchand génois qui reconnaît ouvertement qu’« Il n’y a aucune honte à déposer les armes aux pieds de la Providence, le combat n’était pas légal et l’honneur est sauf. » . De nos jours l’idée de la tolérance et l’aptitude de reconnaître la particularité distinctive d’Autrui, sans toutefois laisser dissoudre la sienne, fait couler beaucoup d’encre à cause de la polémique qu’expose ce sujet. Le récit, intitulé Le périple de Baldassare, semble tendre une franche résonance à la prédiction résignée de Voltaire, attestant que : « La tolérance sera regardée dans quelques années comme un baume essentiel au genre humain» . L’écriture d’A. Maalouf a l’aire d’aimanter visiblement vers une expérience positive de l’altérité, car le texte étale une initiative de réconciliation et de reconnaissance du Moi et de l’Autre par un retour au flux uni de l’Histoire. Une réflexion qui, en raison de l’indéniable continuité des strates temporelles, met en lumière le "déjà-passé" afin de configurer une compréhension par l'« insertion dans le procès de la transmission où se médiatisent constamment le passé et le présent» . Une manœuvre plausible, semble-t-il, pour déduire la sève instructive de l’expérience antique, d’une part et d’autre part, pour promouvoir le fait de réactiver la moralité perçue aux mesures de l’esprit de l’époque contemporaine. A cet égard, la présente lecture ne fait qu’ouvrir humblement le champ pour une pensée d’historicité selon un souci épistémologique et aussi culturel . De sa part la dite œuvre, par son tonnage d’Histoire et d’actualité, de mythes et de réalités, de mouvance et d’intellection, de rencontres et de découvertes, semble détenir une densité sémantique entrecroisée qui lui accrédite une large portée interprétative, à la fois dynamique et plurielle. En d’autres termes, le texte s’ouvre largement et en profondeur à d’autres explorations plus détaillées selon une des dites dichotomies pourraient exhiber plus clairement le rapport dialectique afin de relever plus amplement la profondeur signifiante. Un fait qui donnera plus de lumière sur l’élaboration de cet état d’initiation dont la modalité principale est la rencontre dialogique des paliers temporels et conséquemment l’échange interculturel divulgué simultanément à une dimension synchronique et à une autre paradigmatique.

Item Type: Thesis (Masters)
Subjects: P Language and Literature > PU French
Divisions: Faculté des Lettres et des Langues > Département de français
Depositing User: Mr. M.W KH
Date Deposited: 04 Jan 2016 10:01
Last Modified: 04 Jan 2016 10:01
URI: http://thesis.univ-biskra.dz/id/eprint/1898

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